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Étape #03

Soulvache > Saint-Nicolas-de-Redon

mercredi 15 juillet 2020
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le Résumé de l'Étape

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la Rencontre du Jour

Jean-Yves et Paulette Sibeth

C’est quand même ici qu’a été inventé l'AIDE, l’aide à l’insertion en France.

Saint-Nicolas, c’est quand même 500 poids lourds par jour à passer dans le centre.

Je ne rêve que d’une chose, c’est qu’on reprenne les transports fluviaux.

L’implantation du Leclerc de Redon à Saint-Nicolas a fait disparaître tous nos commerces.

Jean-Yves et Paulette Sibeth

Conseillers délégués à l’environnement de Saint-Nicolas-de-Redon et membres multi-associatifs locaux.

l'Image(s) du Jour

La bascule des estuaires

La route est longue aujourd’hui et les pas de six se sont transformés en pas de neuf. Quittant Soulvache et le nord sous un ciel gris, je longe les frontières de l’Ille-et-Vilaine. L’étape commence par une succession de descentes et raidillons. Mon vélo grimace, mes dents aussi. Les prairies s’étendent derrière de hautes haies bocagères, fournies et enracinées dans de hauts talus. Les points d’eau se font rares. Je traverse le glorieux passé de Sion-les-Mines sur le coteau, avec une sensation d’être sur les premiers plateaux d’une montagne, sans doute renforcée par la présence de biquettes dans plusieurs jardins. Puis je redescends à Mouais, plus petite commune traversée dans ce périple. Les rues sont toujours vides. En la dépassant, je longe le Don et sa ripisylve fournie, et fonce en direction de Derval. Je passe le kilomètre 200, et ai la sensation d’avoir basculé dans autre chose.

L’herbe est plus verte, les pentes plus douces et le vent moins soufflant. Les haies laissent parfois traverser le regard, et les talus ne dépassent pas mes chevilles.

À Derval, je suis étonné de l’activité : il y a trois cafés dans la même rue, plusieurs groupes d’ados qui se baladent. Même le soleil est là. De nouveaux pavillons poussent et les géomètres ont planté les bases d’un nouveau décor.

Dépassé le lieu-dit du Thu, je rejoins des champs cultivés : c’est le tour des étendues de blés et de maïs. Les vaches parfument fortement le tableau. Je vois un tunnel et me retiens de le photographier. Je viens pourtant de louper l’image de la bascule.

Ce tunnel, c’est la traversée de la route des estuaires très fréquentée. Je comprends que je suis passé de l’estuaire de la Loire à celui de la Vilaine, c’est d’elle que l’activité déborde. Cette limite est renforcée par la saignée des grandes lignes électriques, les haies sont interrompues et les champs perturbés par les pylônes métalliques. Je repense à ce film islandais : Woman art war, où une femme se bat contre les dégâts faits par les réseaux énergétiques dans le paysage. Je repense aussi à ce collectif d’artistes allemands qui donnent, avec l’œuvre Zauberlehrling, une dimension poétique à ces mêmes pylônes.

Je continue ma route, plate, sur les hauteurs du coteau de la Vilaine et redescends tranquillement vers le cours d’eau. Le long du chemin de Halage, des enfants plongent, des randonneurs se baladent et les marais de Massérac s’étendent au loin.

le Bourg du Jour

Sion-les-Mines

Quand les descentes et les montées se calment, j’arrive à Sion-les-Mines. Le nom m’intrigue, j’ai en tête mes années belges, les usines LIP ou Germinal. Ce n’est pas exactement cela. Sion-les-Mines, c’est une petite ville sur les hauteurs des zones humides de la Chère plus au sud.

J’arrive de l’est et éprouve un dernier raidillon avant de longer un charmant plan d’eau en entrée de ville. Sur ma gauche, je laisse d’imposantes maisons de maitre, vieillissantes. Les allées en briques, les grilles et les grands portails font un premier rideau sur la rue.

Plus loin, il y a un magasin d’électronique ménager fermé depuis des années : la vitrine expose encore des écrans non plats et des machines à laver à capot.

Un autre magnifique manoir attire mon attention, au sud. Une folie architecturale grise, une architecture art and craft, sans couleurs, qui évoque une culture bourgeoise d’avant-guerre.

À cent mètres, il y a ce curieux collage : deux pignons sur rue qui se répondent : un ancien garage à la porte coulissante, et le pignon néoclassique, de la mairie, en brique et pierre brune.

Des petites maisons mitoyennes aux tons pastel s’alignent sur la rue, avant qu’un retrait annonce une autre maison de maître, puis une autre. L’architecture témoigne d’un contexte historique sociale, où cohabitaient ouvriers, paysans et notables jusqu’à la fermeture des forges dans les années soixante-dix.

J’arrive à la place de l’église, le carrefour historique du bourg, et fais face à l’abside. Je fais le tour de la place et observe ces rez-de-chaussée atypiques : de grandes vitrines devenues fenêtres, à l’intimité préservée par de légers rideaux blancs. Les commerces ont muté en logements. Dans cet imaginaire nordiste, souligné par la brique et les grandes ouvertures, je ne serais pas étonné d’entendre ce doux accent flamand si je croisais du monde.

Le dernier commerce fait face à l’église : c’est un coccimarket, auquel se greffe un distributeur de pain. Entre le cocci et le parvis, une fresque murale gigantesque de Pedro, l’artiste nantais en vogue, tente d’égayer le lieu.

Je reprends la route en direction de Mouais, et m’engage vers l’ouest. Je longe le coteau et découvre l’autre partie du bourg : un kiosque, des sculptures et un escalier complètent un inventaire de microfolies architecturales en sommeil.

De ce côté, il y a des pavillons neufs. Il y a aussi la boîte métallique d’un SDIS, qui montre toute la difficulté que peuvent avoir les services départementaux à s’insérer dans la trame bâtie d’un bourg. L’architecture est plus commune, mais les lieux semblent plus habités. Je redescends vers la Chère, et passe devant le stade de foot : le blason du club est taillé dans la pierre et des gros ballons de béton couronnent les piliers du portail d’entrée : ça me rappelle l’entrée de stade de la Saint-Pierre et du RACC à Nantes, deux clubs ouvriers des faubourgs nantais.

le Patrimoine du Jour

Le café de l’Hagard

En bordure de la vilaine, a  Besle-sur-Vilaine en Loire-Atlantique, un pont franchit la charmante Vilaine. Il y a aussi une gare, dont la particularité est qu’elle est desservie par les TER de la région Bretagne. Dans la descente menant au chemin de halage, flanquée sur le coteau, je suis surpris par le café de l’Hagard, ou café de la Gare. C’est un édifice Rococo, plein de folies et de manières, qui articule le bois, la pierre, le moellon, la brique et l’enduit. Côté rue, il présente sa façade charmante et vieillissante décomposée en plusieurs volumes. Son escalier tournant en façade, ses fenêtres rieuses, ses corniches sculptées dénotent dans le paysage. Il fut un temps où l’architecture jouait de l’extraordinaire.  Le pignon se pince, et finit en pointe sur une entrée : c’était par là qu’on entrait au café de l’Hagard. À l’arrière depuis le niveau de la gare cinq mètres en contrebas, sa façade s’impose ; verticale, majestueuse. Une avancée de bois, des corniches de briques… on est quelques part entre le monde de Tim Burton et JK Rowling.

L’édifice est habité mais son propriétaire cherche a vendre depuis sept ans. La boulangère me dit qu’il vient juste d’être vendu, à un anglais. Cela me renvoie au café de Derval ou j’entendais aussi deux familles parler anglais. Après le Saumurois et la Bretagne, l’investissement étranger se ferait jusqu’au patrimoine de Loire-Atlantique ? C’est possible, me dit-on a Redon.

L’ancien pôle d’activité locale s’expatrie. J’apprends que vraisemblablement, son histoire aurait été tout autre, si l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes avait vu le jour. Dans cette hypothèse la gare de fret et les voies de stockage voisines avaient été achetées par la communauté de communes de Redon pour en faire un lieu stratégique du territoire. Mais c’est aujourd’hui une friche, qui met plus encore a distance le bourg de la Vilaine.

Chanson du Jour

À vélo

par Billy ze kick

Originaire de l’île et vilaine toute proche ce groupe légendaire partage son punch pour motiver à pédaler à travers les vallons du pays de Redon.