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Étape #06

Saint-Molf > Pornic

samedi 18 juillet 2020
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le Résumé de l'Étape

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la Rencontre du Jour

Fabio Previtali

Ici on n’est pas en ville, mais on n’est pas non plus à la campagne. On est dans un lieu qui permet d’être critique vis-à-vis de la ville.

Pornic est très étendu car en fait, ce sont trois bourgs réunis. Je suis administrativement sur Sainte-Marie mais je suis pornicais. Mes amis eux, se disent de Sainte-Marie.

Ici l’été, le rythme est bien donné par les touristes : le soir c’est la brocante, tous les 15 jours c’est feu d’artifice…

Fabio Previtali

Étudiant et résident pornicais

l'Image(s) du Jour

La grande cité balnéaire

En partant de Mesquer pour rejoindre Pornic, j’ai fait le choix de traverser les stations balnéaires du département d’une seule traite. Ne manqueront à mon inventaire que la Bernerie-en-Retz et les Moutiers-en-Retz avant de m’enfoncer de nouveau dans les terres.

J’assiste au réveil progressif des campings de Mesquer-Quimiac qui se sont implantés en bord de route et qui vendent une grande proximité avec la plage. Je croise un photographe équipé comme un pro qui revient des marais, les stands des ostréiculteurs sont déjà ouverts, prêts à l’assaut du jour.

Des pêcheurs sont installés à la pointe de Merquel, c’est la pointe nord du département.

Je longe la côte, les pins parasols dépassent des jardins. Des petits chantiers indiquent une pression foncière de plus en plus marquée.

Je suis le tracé de la vélocéan, passant d’un champ à un lotissement, longeant de grandes citernes ou contournant une zone d’activités. Derrière des mobilhomes, j’entends les cris des enfants sautant dans la piscine du camping.

La mer se fait pour l’instant discrète. Au niveau de Piriac-sur-Mer et de la Turballe, je croise des cyclistes aux paniers remplis. Dans les bourgs, les marchés drainent une foule en tenue décontractée et qui semble avoir oublié ses masques.

Il est 14 h à la Turballe, les terrasses des restaurants sont remplies. Ce sont de jeunes trentenaires entre amis, des familles ou des sexagénaires. Mais toujours très peu de maillots de bain.

Dans un paysage de forêt de pins landaise, je continue jusqu’à l’embarcadère de Penbron. Ici on saute de la jetée et les baigneurs côtoient les marcheurs. Le passeur a accepté la remorque et le vélo, et me voici sur le port du Croisic. Les touristes habillés chic côtoient, assis sur le bord du ponton, de nombreux pêcheurs déperlants et des sardines. Ici, on est en vacances au port.

C’est seulement en sortant du bourg que la vélocéan longe une côte prétendument sauvage jusqu’à Batz-sur-mer et le Pouliguen. À droite, la côte déchiquetée est superbe sous le grand soleil, et les aménagements permettent au nombreux promeneur d’en profiter.

C’est avec un peu de regret qu’on s’en éloigne en entrant dans le Pouliguen. Je suis bien sûr toujours autant charmé par les villas verticales, mais je ne prends pas tout de suite conscience que je viens d’entrer dans une enveloppe urbaine de plus de 35 km de long. Comme Casablanca.

J’ai compris que du Pouliguen à Saint-Michel-chef-chef je me suis senti en ville. Bien sûr, les activités sont différentes, avec ses subtiles pratiques en boucles : château-niniches-manèges-plages-marchés pour les uns, marché-plage-bidule-grange pour les autres, mais il y a le bruit, l’agitation, le flux de circulation, les enseignes qui constituent un paysage maîtrisé et réglé.

L’immeuble des vagues de Pierre Doucet et Julio valiela marque une limite administrative abstraite, mais significative entre Pornic et la Baule. Pendant le confinement, d’un côté, le remblai a été mis à sens unique et de l’autre fermé. La ville s’est apaisée.

La vélocéan conduit jusqu’à Saint-Nazaire, avec son littoral réinvesti. Et puis il y a Méan Penhouet et ses chantiers. À vélo la perception est tout autre. Je découvre que la zone industrielle est mise en scène, les codes sont revisités au goût du nouveau mont roulant. Il y a des Charly à rayures et des vélos peints au sol. Je prends ça comme un encouragement avant de m’attaquer au pont de Saint-Nazaire. L’ascension est raide et le vent violent. Je ne lève que rarement les yeux pour éviter la chute et atterris de l’autre côté à l’indien. Sur un boulevard très fréquenté, j’ai traversé la Loire sans la voir. Je suis passé d’une zone industrielle à une zone pavillonnaire boisée et j’ai continué jusqu’à Saint-Michel-chef-chef.

Cela faisait 5 jours que je n’avais pas ressenti autant d’urbanité.

le Bourg du Jour

Préfailles

Préfailles sait se faire attendre. En quittant Saint-Michel-Chef-Chef et prenant la direction de la Plaine-sur-mer, les panneaux se succèdent, mais l’entrée de ville tarde à venir.

Avant d’arriver au bout de cette pointe rocheuse, il y a des bottes dans les champs. Dans un virage, un fronton continue de mentionner qu’un jour, on pouvait venir ici en train. Aujourd’hui, les voies ont disparu et des pavillons se sont construits autour de l’ancienne gare.

Une grande descente ouvre une perspective vers la mer marquée par l’émergence de quatre drapeaux : l’Europe, la France, l’Angleterre et la Belgique, n’est pas sans rappeler l’entrée internationale d’un camping 4 étoiles de Mesquer.

Dans le centre-ville de Préfailles, la place du marché est inclinée et en chantier. Ici, on essaie de minimiser la place de la voiture sur un espace public en lien direct avec la plage. Il y a encore le kiosque du marchand de glaces et le vieux manège aux ampoules colorées.

Autour des récents cafés qui animent le bourg, l’historique café Saint-Paul a fait peau neuve, et a maintenant des concurrents. Leurs enseignes ressemblent aux restaurants branchés du cœur de Nantes, mais la petite taille du bourg garde un esprit familial.

Tout autour de la place, il y a de très belles villas aux frontons tatoués et aux corniches en bois aux modénatures raffinées. Les ouvertures sont encadrées de briques, les enduits sont clairs et entrecoupés de frises en briques. Les pins dépassent des jardins et leurs formes parfois tortueuses ont été sculptées par des rafales de vent successives.

Derrière le grand bazar, il y a le centre des petits moussaillons encore dans son jus, qui accueille des colonies de vacances depuis des décennies. J’y ai moi-même vécu mes belles années Bafa. Les sentiers piétonniers de la pointe Saint-Gildas débutent en grimpant sur le plateau enherbé derrière l’église.

Préfailles s’étire ainsi vers l’ouest et des pavillons plus récents ont poussés sur la pointe. Au bout, il y a encore un centre de vacances, des séminaires et une école de voile.

Le ciel bleu se reflète dans une eau très claire qui aura sûrement donné son nom à la côte de Jade.

Plus à l’est, des petites criques exposées au sud se succèdent derrière les pointes rocheuses, et sont envahies l’été par les connaisseurs. Les voitures s’amassent le long de chemins de terre qui desservent port Mêleu, la plage des Goths ou la plage de Portmain.

L’enveloppe urbaine n’est structurée par aucun boulevard ou remblai. Les champs se sont progressivement urbanisés et des entités de rues irriguent les quartiers. Le meilleur moyen de relier le bourg d’un bout à l’autre reste le sentier des douaniers, qui s’ouvre sur la baie de Bourgneuf et offre des vues panoramiques sur la presqu’île de Noirmoutier.

le Patrimoine du Jour

Le grand bazar parisien

À quelques mètres de la place du marché en chantier, qui descend jusqu’à l’océan, une rue porte son nom. C’est le grand bazar parisien de Préfailles, un monument pour plusieurs générations et pour des milliers d’enfants.

Depuis 5 générations, la famille Deffain s’applique à entretenir le rêve de petits vacanciers, qu’ils s’agissent des familles parisiennes et nantaises venues dans leurs résidences secondaires, ou des jeunes de France qui fréquentent les nombreux centres de vacances.

Ici, derrière la vitrine en simple vitrage, on vend des confiseries, des pétards des claques doigts, des bouées, des épuisettes. Une marquise aux poteaux métalliques ornés de motifs floraux témoigne d’un design art déco importé au cœur d’un petit bourg de bord de mer. L’ensemble a été construit par les compagnons de France en 1900.

Cette année, dans la grande rue, il présente un lettrage bleu nuit sur un fond bleu turquoise tirant vers le vert. Ce ne fut pas toujours le cas. Il fut beige, crème, blanc, etc. Une fresque sur le pignon de la rue éponyme arbore fièrement ses origines : le grand bazar parisien.

À l’origine, un parisien voyageur de commerce, de jouets en bois et de cerfs volants s’associe à un fabricant de cerfs volants d’Île-de-France pour créer la marque Jouets artistiques ELECTA en 1910.

Dans une France agitée par les congés payés, il transfère ses usines à Préfailles en 1936. On y vendait de magnifiques cerfs volants, qui habitent encore le plafond aujourd’hui. Sur la côte, d’autres maisons familiales se sont élevées au niveau d’institution balnéaire, garante du rêve littoral, mais peu sont aussi anciennes que le grand Bazar Parisien de Prefailles… peut-être le casino…

Mais ici, le patrimoine, c’est tout autant le bâtiment que les objets eux-mêmes : ils sont en bois, aux voiles de toiles jaunis et aux formes audacieuses : figuratives, animales, mécaniques… Ils racontent l’imaginaire inspirant notre soif de conquête céleste depuis 100 ans jusqu’à devenir des deltaplanes fluorés en fibres et plastiques. Je me dis que peut-être, c’est cette histoire qui inspira le championnat annuel de cerf volant qui se tient régulièrement dans la commune toute proche de Saint-Brevin…

Ici, on a fait rêver les petits, mais pas seulement : on a aussi inventé le cerf volant publicitaire en 1970. Cela inspira d’ailleurs les nombreux planeurs qui survolèrent les côtes de France dans les années 1990, à commencer par la baie de la Baule… on en fabriquait jusqu’à 12 000 par an, avant que la production ne s’arrête en 1985.

Aujourd’hui, le lieu semble hors du temps. Il est tenu par deux sexagénaires très heureux de partager leur histoire. Georges, le petit-fils Deffain qui jadis, a restauré les cerfs volants retrouvés dans une malle poussiéreuse, sourit à un enfant qui vient de poser sur le comptoir une corbeille en bois remplie de bonbons. Il a aujourd’hui des cheveux blancs et j’ai aujourd’hui 34 ans. Mais on entretient les petits plaisirs de vacances, comme les niniches, les glaces et les tours de manège.

Chanson du Jour

Les vacances au bord de la mer

par Michel Jonasz

Les vacances sont au pluriel car il y a plusieurs manières de les passer.