Étape #08
Machecoul > Geneston
le Résumé de l'Étape
Chronos
- Distance : 67 km
- Départ : 12:41 h
- Arrivée : 17:11 h
Communes traversées
• Geneston
• Legé
• Machecoul-Saint-Même
• Paulx
• Saint-Colomban
• Saint-Étienne-de-Mer-Morte
• Touvois
Infos territoires
- Population : 19 979 hab.
- Emplois : 4 259
- Surface artificialisée : 8,34 %
- Surface naturelle : 90,7 %
- Eau & Zones humide : 0,9 %
- Densité : 77,8 hab./km²
Chronos
- Distance : 67 km
- Départ : 12:41 h
- Arrivée : 17:11 h
Communes traversées
• Geneston
• Legé
• Machecoul-Saint-Même
• Paulx
• Saint-Colomban
• Saint-Étienne-de-Mer-Morte
• Touvois
Infos territoires
- Population : 19 979 hab.
- Emplois : 4 259
- Surface artificialisée : 8,34 ha
- Surface naturelle : 90,7 ha
- Eau & Zones humide : 0,9 ha
- Densité : 77,8 hab./km²
Navigation rapide
la Rencontre du Jour
Karine Paviza
On est des urbains à la campagne.
On est ni dans le vignoble, ni dans le Pays-de-Retz, on est dans la Métropole.
Une écofoire, pourquoi pas ?
On est une des deux seules communes du département à avoir pu accueillir l’ensemble des enfants scolarisés dès le 11 mai.
On est une ville centrale, entre Challans, Clisson, la Roche-su- Yon et Nantes.
Karine Paviza
Maire de Geneston (2nd mandat) et conseillère départementale
l'Image(s) du Jour
De la plaine cultivée, aux vallons boisés de la Logne
En quittant Machecoul, et en passant sa ceinture maraîchère sous la chaleur estivale, je m’aperçois d’abord que les haies bocagères n’offrent aucun coin d’ombre ni de fraîcheur. Les talus ont été fragilisés et des hectares de plantation de maïs s’étendent derrière eux. Je fais mon curieux et apprends qu’un hectare sur quatre du maïs français est produit en Bretagne et en Pays de la Loire. Avec l’apparition des lumineux champs de tournesols, le paysage prendrait une tonalité charentaise avec plus de vallons et de voies moins rectilignes. De Machecoul à Legé, les grandes lignes droites m’exposent aux vents. À Touvois, les bosquets se multiplient entre les champs et je repense à une discussion avec un élu local qui me rappelait qu’ici, les chasseurs diminuent, mais restent nombreux. Les sangliers feraient des ravages dans les champs…
J’atteins le bourg de Legé en passant sous la voie rapide reliant Montaigu à Challans. En passant sous cet axe vendo-vendéen, je souris en me disant que quelque part, j’entre dans une ville du département en passant sous une bande de terre vendéenne.
À Legé, je retrouve cette image connue, mais réelle des vitrines de petits commerces fermées ou transformées en logements. Subsistent les équipements publics et La Chapelle-Notre-Dame de pitié. Le paysage devient ensuite plus vallonné quand je prends la direction de Corcoué-sur-Logne… Les champs ont laissé place à des prairies et les boisements envahissent le paysage. Ça grimpe, mais il y a de l’ombre. Les premiers ceps de vignes apparaissent. Je tombe sous le charme des bords du Logne à Corcoué et de cet aménagement atypique, mais si réussi qui relie la place de l’église aux rivages en contrebas. C’est un escalier en bois qui devient un espace public, quelque part entre le belvédère, le bâtiment et le cheminement.
En parcourant ces communes, je saisis mieux la particularité de Machecoul vis-à-vis de son territoire.
le Bourg du Jour
Geneston
La fin de journée approche, et les mollets ressentent bien la pente douce et constante dans cette grande ligne droite depuis Saint-Colomban. On distingue quelques vaches et chevaux, mais dans l’ensemble les prairies sont désertes. Sur ma droite, j’entrevois une nouvelle carrière, d’extraction de granulat cette fois. Je ne pensais pas en croiser autant durant ces 10 jours. Combien en avons-nous et comment se comportent-elles ?
Le bocage est bien constitué dans cette partie du département. C’est d’ailleurs une haie bocagère qui marque la limite avec la Vendée sur ma droite.
J’approche de la fin d’étape. Le ruisseau du Redour et sa ripisylve masquent les limites sud de l’enveloppe urbaine de Geneston. Je m’y engage et savoure l’ambiance de ce magnifique sous-bois, où une lumière perce une dentelle verte qui se dédouble dans les reflets de l’eau. Je débouche de manière brutale sur la façade métallique de l’Intermarché adossé à un parc de qualité. Ici, le centre commercial n’est pas en entrée de ville, mais au cœur du bourg.
Je continue jusqu’à la grande avenue de Vendée, mais le trafic est intense. Je le fuis bien vite en m’engageant dans le grand jardin à l’arrière du centre commercial. Je veux prolonger l’expérience de cette belle ambiance bocagère le plus longtemps possible. À vélo, je me sens comme un corps étranger dans un paysage de voitures. Je rejoins un espace dégagé et aménagé entre la mairie et l’église.
Je repars vers l’est et me retrouve au milieu de la « place Georges Daudet » qui s’apparente davantage à un carrefour routier entre deux axes : Nantes-la Roche-sur-Yon et Clisson-Challans. Sur cette place qui ressemble plus à une rue traversante habitée, la perspective s’étire et se referme progressivement par un alignement de façades qui laisse à penser qu’historiquement cela a été un champ de foire. Boulevard, rue, avenue, place, parvis, cours, champ, venelle, impasse, square, jardin, parc… Il est parfois difficile d’utiliser la bonne terminologie pour parler d’un espace public. Encore plus quand la voiture a remplacé le piéton. D’ailleurs, les végétaux s’y font discrets.
Les enduits pastels, les menuiseries colorées, et les sentes piétonnes partant de l’ancien champ de foire, se détachent d’un paysage déséquilibré par l’importation d’habitats décontextualisés. Les maisons aux enduits roses, de plain-pied, et aux végétaux souvent exogènes se sont largement étendues au nord, comme attirées par le dynamisme nantais. Quelques chiffres me reviennent en tête : un tiers des Français vivent dans ce type de pavillon.
Geneston est le bon exemple d’un bourg rural de qualité, transformé par de grandes étendues pavillonnaires. À Geneston, la population s’est multipliée par 3, et son enveloppe urbaine par 7 en l’espace de 40 ans. On vient y chercher un cadre de vie proche de la campagne mais facilement connecté à la métropole.
Pourtant il y a ici quelque chose d’atypique. Ce n’est pas une cité dortoir connectée à une voie rapide par un échangeur, comme de nombreuses banlieues inspirées du modèle d’urbanisme théorisé et prôné par Buchanan en 1967.
C’est une route habitée, avec un linéaire de commerces stables d’un côté et des quartiers résidentiels adossés. Le maire me rappelle d’ailleurs que cette route est une bénédiction pour la commune, car bien qu’elle puisse déranger certains par son trafic (jusqu’à 15 000 véhicules par jours dont 2000 poids lourds) c’est aussi elle qui génère son activité. Cela me rappelle le Maroc où je me disais qu’il y a « les gens de la mer », « les gens de la forêt », « les gens de la montagne », « les gens des champs » mais aussi « les gens des routes ».
Ce sentiment se renforce quand je comprends que la particularité de Geneston c’est qu’il n’y a quasiment aucun hameau, tout le monde habite autour de cette route déportée à l’est du territoire communal.
Une fois le cœur de bourg passé, je repique à l’est par la rue des Ajoncs. Le bocage disparaît, le territoire semble beaucoup plus ouvert, avec des vues en surplomb sur la vallée de l’Ognon. Sur ma droite, l’enveloppe urbaine de Montbert est toute proche de rejoindre Geneston. Jusqu’à quand ces quelques hectares de surface agricole échapperont à l’urbanisation ?
le Patrimoine du Jour
L’ancienne distillerie Séguin
Claude Naud, maire de Corcoué-sur-Logne et anciennement président de la communauté de communes du Sud-Retz Atlantique, en parlerait sûrement mieux que moi, tant il s’est intéressé aux devenirs des anciennes distilleries Seguin de Machecoul. Je m’y suis moi-même beaucoup attaché et aimé à revenir au cœur de la cour historique. Sur le pavé enherbé, je fais face aux frontons des anciens laboratoires de distillation-cadre par les deux ailes faussement symétriques. Comme à chaque fois, je ressens tout le poids d’une aventure humaine et économique, je fantasme aussi sur son devenir.
En 1888, Rémy Martin quittait les Charentes décimées par le phylloxera et implantait sa distillerie de cognac à Machecoul. Il profitait des volumes de gros plants produits à proximité du lac de Grand-Lieu et de la connexion ferroviaire vers le port de Saint-Nazaire où toutes les cargaisons pouvaient partir de par le monde.
Historiquement liée à la gare, l’usine se trouvait en lisière de la ville historique et des marais bretons. Fleuron industriel de l’époque, l’usine accueille les meilleurs alambics et systèmes mécaniques. Il se dit même que dans le département, c’est le premier site desservi en électricité après Nantes. Mais outre la technique, la distillerie se distingue également par son architecture. Les volumes sont généreux, et mis en harmonie autour d’une cour centrale. Les façades sont enduites, mais l’ensemble des arêtes sont soulignées par un empierrement de briques. Les ouvertures sont grandes afin de laisser la lumière dans les ateliers et sont toutes encadrées de briques. Les fers de protections anti-infraction sont encore en place puisque l’ensemble architectural n’a pas encore été dénaturé. D’ailleurs, jusqu’en 2007 et sa fermeture définitive, l’usine a toujours fonctionné selon ses principes de base : l’aile nord sert de stockage, l’aile sud de production, l’aile est sert de laboratoire.
À l’intérieur, les piliers sont en métal moulés. Les planchers sont en chênes et peuvent supporter le poids de fûts remplis de milliers de litres de cognac. Les systèmes d’éclairages étonnent par leur design élégant, et les menuiseries intérieures dessinées spécifiquement sont une preuve que l’architecture peut être fonctionnelle et esthétique : la porte à deux vantaux, en simple vitrage est subdivisée par des petits bois qui intègrent un linteau vitré qui s’élargit en partie haute. L’ouverture prend la forme d’un T qui même fermée, permet des entrées de lumières d’une pièce à l’autre.
À une époque, les sites de production et distillation étaient un sujet majeur d’architecture, et sont entrés dans l’histoire de milliers de familles, parce qu’un membre y a un jour travaillé. C’est sans doute cette pérennité, couplée à une qualité et une monumentalité, qui leur donne la possibilité d’être reconsidéré dans la réinvention de nos villes et de nous rappeler que la durabilité en architecture, c’est aussi permettre à un patrimoine de muter, d’être réversible, d’être transformé, mais aussi de s’en émouvoir.