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Étape #09

Geneston > Boussay

mardi 21 juillet 2020
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le Résumé de l'Étape

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la Rencontre du Jour

Véronique Neau-Redois et Maude Soullard

Beaucoup de boussirons ont leurs familles ici, alors on s’est entraidés.

Ce qui a été intéressant ici, c’est la mutation du café, qui est devenu un dépôt de légumes. On voudrait qu’il continue.

Depuis le confinement, les jeunes ont beaucoup plus investi les bords de Sèvre.

Ce qui nous définit, c’est qu’on est un bourg ancré à la Sèvre. On vient habiter ici pour être au calme.

On devrait prendre soin de nos chemins comme en Vendée, où les sentiers vélos sont extraordinaires.

On est du vignoble, mais on a pas de vignoble.

On a mis ici en place un système de transport solidaire.

Un point sensible, c’est de gérer le déconfinement des structures spécialisées : les personnes âgées, mais aussi les centres pour handicapés.

Ce qu’on doit retenir du confinement c’est de prendre le temps. On doit continuer de prendre le recul nécessaire pour décider.

Véronique Neau-Redois et Maude Soullard

Maire de Boussay (1er mandat), et première adjointe

l'Image(s) du Jour

La maîtrise des sols

L’arpentage des limites sud du département m’intrigue depuis début de ce tour. Pourquoi les frontières sont-elles autant découpées ? Pourquoi ces péninsules administratives dans le département vendéen ? (à moins que ce ne soit l’inverse). Cela me prendra donc un peu moins de deux heures pour rejoindre Geneston à Saint-Hilaire-de-Clisson en longeant les limites et passant par la Planche-sur-Mer, Vieillevigne et Remouillé. Les panneaux de signalisation tentent sans cesse de me renvoyer vers la route du vignoble, mais j’attends plus de 30 km avant de rencontrer les premiers ceps de vigne.

À la place, je traverse de nombreuses terres maraîchères aux rangs plus ou moins serrés. Elles sont vertes et rasantes quand ce sont des salades, parfois bleutées et ébouriffées quand ce sont des poireaux… Parfois simplement rugueuses quand elles viennent d’être retournées. L’exploitation des sols est tellement maîtrisée que le paysage semble entièrement redessiné. Même en traversant les hameaux, les propriétés privées ne semblent pas supporter l’imprévu : ici, le jardin avant est recouvert d’une herbe synthétique. Là, un jardin accueille un barbecue neuf et des sièges en plastique fluorescent sur une pelouse pelée et brulée par les produits d’entretien.

Longeant cette plaine de culture par l’ouest, en ayant pleine conscience que je me rallonge malgré les 600 km passés, j’ai un sentiment d’ailleurs. Il n’y a que les multiples traversées de l’Ognon, cet affluent du lac de Grand-Lieu qui me rappellent que je suis en Loire-Atlantique.

Ce sentiment est renforcé à l’approche de Vieillevigne. Je me sens quelque part en Charente ou dans Languedoc. Les maisons sont ramassées autour d’étroites ruelles moins larges que hautes, les toits sont en tuiles et mis en œuvre à la clissonnaise, les enduits son clairs et le tableau des fenêtres en pierres de taille… Le soleil ayant atteint son zénith, les ombres sont découpées et se projettent sur les façades du voisin. Mais surtout, les espaces publics sont entièrement minéralisés. Pas un arbre dans l’espace public, pas un jardin privé visible depuis la rue, un bitume noir qui vient mourir au pied des façades claires et une subdivision des chemins et places par un pavage éclairci. Le cheminement de l’eau est invisible par beau temps, mais j’imagine les rigoles remplies en cas d’orage.

En quelques kilomètres, les terres exploitées, les jardins maîtrisés et les espaces publics minéralisés symbolisent un des enjeux majeurs de notre territoire. Le bon aménagement du sol. Sa perméabilité, sa capacité à réduire les effets de chaleur, son caractère vivant et évolutif, la supériorité de son intérêt général vis-à-vis de l’intérêt particulier.

le Bourg du Jour

Boussay

Ayant longé toute la journée les frontières de la Vendée, je me confronte à de nombreuses reprises aux frontières. Il y a régulièrement de petits panneaux, de grands panneaux, de très grands panneaux et même des drapeaux rouges et blancs. Mais à vélo, je me perds de l’autre côté de la frontière. Les chemins sont indiqués, mais ne prennent pas nécessairement en compte le nom de la ville du département voisin. C’est comme cela qu’à vouloir m’approcher des limites, je me retrouve au bourg de Cugand. Je suis hors champ. Même le GPS ne sait m’indiquer les bonnes traversées. Il me dirige vers un chemin communal réinvesti par les ruches des mielleries. Quelques piqûres plus tard, j’abandonne et rejoins le flux des voitures en contrehaut de la Sèvre nantaise. Le bourg de Boussay se profile au-delà d’un couvert boisé bien constitué, qui témoigne de l’origine latine de l’appellation : Boussay, issue de « baocsaium » qui signifie « couvert du bois ».

À regarder la carte départementale, la commune semble une anomalie administrative, une avancée coincée entre la Vendée et le Maine-et-Loire.

À regarder la carte IGN, le bourg se situe à l’interface entre la vallée boisée de la Sèvre nantaise et le plateau bocager situé en promontoire. Historiquement, c’est un bourg carrefour qui s’est étiré progressivement vers le nord avec le développement de zones pavillonnaires et d’une zone d’activité le long de l’axe reliant Nantes à Cholet.

Aujourd’hui, le bourg s’articule autour de 3 faisceaux :

· La Sèvre nantaise au sud, avec ses espaces naturels qualitatifs et ses balades, bien plus prisées par les jeunes depuis le déconfinement. J’y surprends un couple d’amoureux qui pique-nique sous un saule pleureur, à la Monet.

· La ligne ferroviaire, avec sa petite gare en plein essor, proche du bourg, mais « hors la ville ».

· La RD 149, cette « rampe de lancement » dans le cœur des Mauges qui raccroche le bourg à l’axe économique Nantes-Cholet.

Le carrefour historique, je le ressens encore au niveau du parvis de l’église : le tissu urbain est serré. Il y a le presbytère désaffecté et qui lui donne un nouvel avenir, le café du zinc qui a su se réinventer pendant la crise, et le camion à pizza qui a revu toute sa carte au nom de célèbres cyclistes et de courses. On discute de notre passion commune, il me dit qu’il vient de Vallet.

Les rues forcent la perspective avec, en point de mire, la houppe des grands chênes. Au cœur du bourg, les maisons sont mitoyennes à l’alignement, sur deux niveaux et couvertes de tuiles. L’enduit à la chaux et les encadrements des ouvertures en tuffeau et briques, nous rappellent qu’ici nous sommes certes en Loire-Atlantique, mais aussi au cœur des Mauges.

Le bourg a son caractère, et en cette belle saison, je devine le jardin des cœurs d’ilots en me laissant tenter par le parcours « Murs et murmures » où je découvre le maillage constitué de chemins, passages et venelles… Je vais aussi à l’étang du lavoir où un jardin participatif a pris racine.

Ici, de nombreuses familles sont là depuis plusieurs générations et sont attachées à un cadre de vie de qualité, ancré à la Sèvre nantaise. Cette qualité, je ne la retrouve pas en remontant au nord par les quartiers pavillonnaires. Le sentiment de sérénité qui se dégage de ce petit bourg de bord de rivière s’estompe dans le paysage des lots libres hérités des années 1980…

Je préfère m’en éloigner, en piquant vers l’ouest. Je dépasse le cimetière à la sortie du bourg (trace de cette période où nous éloignions les morts), et retrouve le bocage, ses haies et ses champs jusqu’à traverser la voie ferrée et le ruisseau de la Badrillère.

Pour continuer à longer les frontières du département, il n’y a pas d’autre choix. Ici, il faut faire machine arrière vers Getigné. Je quitte cette péninsule administrative avec ce sentiment renforcé d’avoir atteint une extrémité du département qui se dit pourtant clairement du 44.

le Patrimoine du Jour

Fenêtres ou ne pas être, telle est la question

Seul sur mon vélo, je ressasse souvent les discussions avec les uns et les autres. Hier, on me disait que ce qui est appréciable, c’est de ne pas se sentir écrasé par le collectif d’un immeuble. C’est d’avoir les services du quotidien, mais que « par sa fenêtre, on pouvait voir autre chose que la ville ». On y voit « un mur ancien et un bout de campagne ».

Depuis l’intérieur des logis, elle contextualise bien souvent le cadre de vie. On a pas la même que celle du voisin et on se l’approprie par des fleurs, des rideaux, des volets colorés.

Depuis mon vélo, j’apprécie les réhabilitations, rénovations et autres extensions qui intègrent bien souvent une ouverture singulière : œil de bœuf, baie vitrée, véranda, imposte vitré… Cela est plus compliqué pour les constructions neuves, et bien souvent, je retrouve les mêmes. La fenêtre est devenue un trou dénué d’ornementation dans un mur clair, que quelques lisses de plastiques viennent protéger des salissures…

L’ouverture apporte une vue, une lumière, une ventilation, un accès, un espace d’ornementation et d’appropriation, rarement tout à la fois. C’est un sujet d’architecture à part entière, qu’un étudiant peut traiter pendant une année complète.

Si elles sont très rarement classées, j’ai envie d’en parler comme un élément de patrimoine.

C’est un patrimoine pour le passant que je suis, qui profite de la diversité de ses formes, de ses dimensions, de ses proportions, de ses combinaisons qui animent l’espace public.

C’est un élément de patrimoine pour l’habitant, qui se l’approprie et me raconte un bout de son histoire, de sa classe sociale ou qui intègre au sein de son logis un morceau de paysage apprécié et qu’il souhaiterait préserver.

C’est un élément de patrimoine témoin d’une mémoire collective qui a évolué au fur et à mesure des époques, des lieux et des techniques. Je suis toujours impressionné de la capacité de mon collègue historien à dater un bâtiment en analysant une fenêtre.

Mais c’est un élément de patrimoine fragilisé que nous avons longtemps oublié de regarder.

Je me dis souvent qu’on regarde parfois à travers la fenêtre, mais qu’on la regarde souvent de travers.

Je me dis aussi, qu’il est grand temps que tout particulier prenne le temps et le soin de bien s’interroger sur chacune de ses ouvertures. L’usage en sera meilleur, tout comme le paysage.

Chanson du Jour

Smoke on the water

par Deep purple

Tout simplement un des groupes tête d’affiche du hellfest clissonnais de 2020