Étape #01
Montrelais > Vritz
le Résumé de l'Étape
Chronos
- Distance : 57 km
- Départ : 11:04 h
- Arrivée : 18:35 h
Communes traversées
• Montrelais
Infos territoires
- Population : 15 684 hab.
- Emplois : 4 995
- Surface artificialisée : 7,35 ha
- Surface naturelle : 91,25 ha
- Eau & Zones humide : 1,40 ha
- Densité : 45,12 hab./km²
Navigation rapide
la Rencontre du Jour
Joel JAMIN
On a la chance d’être une commune vraiment rurale, mais pas dortoir.
On a été coupé de la Loire.
Nous, les élus, avons pris le relais de l’entraide.
Notre rôle d’élu, c’est de préparer ce changement et notamment économique.
Pendant le confinement, la « ruche qui dit oui » a triplé sa clientèle. On va devoir s’adapter.
Cette période a été révélatrice de la nécessité de mieux savoir communiquer ensemble.
Il faut imaginer un système de points de vente itinérants partagés avec les communes voisines.
Joel JAMIN
Maire de la commune de Montrelais (2nd mandat)
l'Image(s) du Jour
Suis-je arrivé par le grenier?
Une fois dépassé Montrelais, les voies n’ont plus de noms, mais des numéros. Quittant la rue du charbon et la route des mines, sur les hauteurs de Montrelais, on passe de lieu-dit en lieu-dit. Les bottes de foin jalonnent les paysages et les éoliennes fleurissent par quatre sur les crêtes. Il y a des champs et beaucoup d’étables, mais aussi de grandes boites que le bardage métallique coloré ou dégradé tente d’intégrer dans le paysage. Il y a aussi une maison d’architecte à La Chapelle Saint-Sauveur qui reprend les codes architecturaux de la Grange. Au bout des jardins de Belligne, il y a les champs. Je croise peu de gens, mais je sens que la campagne s’active. Il y a du foin sur les routes, et des tracteurs. À l’heure de la débauche, je m’installe au café du scarabée et rencontre Julien Doré. Pas le chanteur, son homonyme. Il me dit qu’en ce moment, tout le monde bosse dur. Il y a les agriculteurs qui font tourner les moissonneuses, il y a les nombreuses carrières qui continuent leurs extractions, et les ouvriers. Ici, on fabrique, répare et transforme les engins agricoles localement et nationalement. Thievin, Manitou emploient beaucoup ici : des locaux bien sûr, mais aussi des ouvriers venus de l’étranger.
Avant, toutes les productions descendaient vers les ports de Loire de Montrelais et Ingrandes, puis remontaient ou descendaient la Loire.
Aujourd’hui le transport fluvial n’est plus, mais on continue d’exploiter : la roche, le sol, et les hommes.
le Bourg du Jour
Vritz - Les Vallons-de-l'Erdre
Une fois dépassé le bourg de Freigné, je franchis l’Erdre, pour m’engouffrer dans ses vallons. Le bocage est là, mais ses haies d’arbres en cépée, ses buissons et ses talus, ont été segmentés par des politiques de remembrement déstructurantes.
La fin de l’étape est proche, mais avant de rejoindre mes hôtes du soir, les studios Adjololo, je suis mis à l’épreuve par un relief ondulé.
Parfois, l’étroitesse de la route me donne une sensation étrange : depuis Nantes, mon corps se dilate. Une impression renforcée par les masses sombres des haies bocagères qui resserrent les perspectives, et manquent de me frôler.
Je récupère ma taille normale quelques dizaines de mètres plus loin, lorsque je profite de vues très ouvertes sur un paysage de champs et de cultures. Au loin, ponctuellement, des boisements se détachent des lignes de crêtes, me remémorant les paysages-collages de Michel Ocelot.
Impossible d’imaginer que derrière ce paysage, jusqu’au pays de Segré, se cachent de nombreuses carrières d’ardoise. Depuis le XVIe siècle, il y a notamment celle de La Rapennelais, à quelques dizaines de mètres seulement.
Je poursuis et m’engage sur la timide RD134 après avoir traversé la RD163, reliant Châteaubriant à Candé. Bientôt, j’aperçois le clocher du bourg de la commune déléguée de Vritz, peuplée de 804 habitants.
Une commune déléguée ? C’est une commune historique qui se regroupe avec d’autres pour former une commune nouvelle : plus peuplée et plus étendue.
Depuis 2017, Bonnoeuvre, Maumusson, Saint-Mars-la-Jaille, Saint-Sulpice-des-Landes et Freigné (cette commune « annexée » du Maine-et-Loire) sont associées à Vritz et composent les Vallons-de-l’Erdre. La toponymie s’est réconciliée avec la géographie.
Une commune nouvelle n’est plus organisée autour d’un bourg historique, mais se compose de plusieurs polarités, un archipel d’urbanité. Et Saint-Mars-la-Jaille, dont le nom a fait sourire bon nombre de Ligériens par le passé, est devenu le pôle d’attractivité majeur.
Je ne vois pas d’autre enseigne que l’épicerie du Vritzien. Et au détour d’une discussion, je comprends qu’ici, dans le bourg le plus à l’est de la commune la plus à l’est du département, on continue d’aller faire ses courses au supermarché de Candé, en Maine et Loire. Quelque part, Vritz s’est intégrée à une entité départementale plus importante, mais continue de se tourner vers l’extérieur. Repousser les limites ne bouleverse pas tous les usages.
Sur ce versant nord du ruisseau de la Gicquelais, je découvre un bourg-rue singulier. L’axe central s’est courbé pour épouser le relief du coteau. Dans le pli de cette rue, il y a quelques magnifiques bâtiments en pierres de schiste apparentes et l’église, tournée vers l’est. La place centrale pourrait offrir une vue magnifique sur le ruisseau en contrebas sans la présence d’une salle polyvalente vieillissante. Quelques mètres plus à l’ouest, des champs ont été découpés en lots libres, vraisemblablement à la fin des années 80. Au sud, la rue de Richebourg et ses pavillons répétés nous rappellent à l’histoire minière du pays…
Ici, la ville semble prendre son temps. Le petit bourg a été épargné par ce « fléau de nos campagnes » que l’on nomme étalement urbain, qui s’est aggloméré tout proche du centre commercial de Candé. Mais ce n’est pas grave, c’est de l’autre côté.
le Patrimoine du Jour
Adjololo
La Florentinerais est un lieu-dit en retrait de la RD qui relie Freigné à Candé. C’est un corps de ferme datant de 1827, un patrimoine familial depuis 5 générations pour les Livenais.
L’aïeul, ancien métayer s’est « battu pour changer les choses » et a été le premier propriétaire.
On y a fait de la polyculture, jusque dans les années 1960, où la famille s’est lancée dans l’arboriculture suite à la « révolution verte d’après-guerre ». 5 enfants y sont nés, dont Jean-Louis, mon narrateur. Comme souvent l’ensemble a été entièrement hypothéqué dans les années 1990 : les voisins lorgnaient sur les terres, d’autres les bâtiments. La façade aux enduits disparates et colorés témoigne de cette époque, quand la longère a été découpée en lots, vendus ou mis en location. Depuis, la situation a changé, mais l’ensemble est toujours le patrimoine familial des Livenais.
Le lieu est connu ici, et profite d’un nouvel élan depuis que Freigné est passé en Loire-Atlantique. L’exploitation est devenue un lieu atypique : Adjololo. Les enfants sont musiciens, et ont connu des gloires diverses, Câline Georgette, Akekoi, etc., et ont transformé la longère en un studio d’enregistrement et un lieu de résidence. Les petits enfants s’essaient à la permaculture et ont replanté des vergers. Les terres sont louées à un jeune éleveur de moutons en plein air.
Une fresque colore un bâti maintenu en l’état, mais où à l’intérieur, tout évolue : l’étable est devenue la cabine, la grange, le lieu de répétition. Toutes les poutres sont apparentes, et des enduits chaux/pailles réisolent la maison, dans le respect de ce qui était là avant. À l’étage, les greniers ne sont occupés que par de magnifiques charpentes tridimensionnelles.
Ici on vit à la campagne, mais on est musicien. Des groupes du monde entier et notamment d’Afrique viennent répéter. L’isolement du lieu plait, ou effraie c’est selon.
Depuis le confinement Jean Louis regarde autrement le lieu. Il apprend à conjuguer « l’arbre et la pirogue » (expression qu’il a apprise de Jonny Hoppe, musicien africain) : on va plus loin quand on est bien ancré. Peut-être s’impliquer dans une commission ? Il voudrait s’impliquer davantage dans l’environnement proche et intégrer le projet dans la vie locale autant qu’à l’international, animer et ouvrir les locaux aux scènes contemporaines et alternatives, soutenir de l’écogîte, proposer une halte guinguette en lien avec la voie verte qui passe tout proche. Un patrimoine qui fait passerelle : entre le 44 et le 49, entre la musique et l’agriculture, entre les générations et les continents, entre le rock punk et le groove.